• Poème sur les Sirènes

    Poème sur les Sirènes

     

    © Sophia’s Song Copyright Lisa Victoria

     

    Les sirènes

     

    Les Sirènes chantaient… Là-bas, vers les îlots,
    Une harpe d’amour soupirait, infinie;
    Les flots voluptueux ruisselaient d’harmonie
    Et des larmes montaient aux yeux des matelots.

    Les Sirènes chantaient… Là-bas, vers les rochers,
    Une haleine de fleurs alanguissait les voiles;
    Et le ciel reflété dans les flots pleins d’étoiles
    Versait tout son azur en l’âme des nochers,

    Les Sirènes chantaient… Plus tendres à présent,
    Leurs voix d’amour pleuraient des larmes dans la brise,
    Et c’était une extase où le cœur plein se brise,
    Comme un fruit mûr qui s’ouvre au soir d’un jour pesant !

    Vers les lointains, fleuris de jardins vaporeux,
    Le vaisseau s’en allait, enveloppé de rêves;
    Et là-bas – visions – sur l’or pâle des grèves
    Ondulaient vaguement des torses amoureux.

    Diaphanes blancheurs dans la nuit émergeant,
    Les Sirènes venaient, lentes, tordant leurs queues
    Souples, et sous la lune, au long des vagues bleues,
    Roulaient et déroulaient leurs volutes d’argent.

    Les nacres de leurs chairs sous un liquide émail
    Chatoyaient, ruisselant de perles cristallines,
    Et leurs seins nus, cambrant leurs rondeurs opalines,
    Tendaient lascivement des pointes de corail.

    Leurs bras nus suppliants s’ouvraient, immaculés;
    Leurs cheveux blonds flottaient, emmêlés d’algues vertes,
    Et, le col renversé, les narines ouvertes,
    Elles offraient le ciel dans leurs yeux étoilés !…

    Des lyres se mouraient dans l’air harmonieux;
    Suprême, une langueur s’exhalait des calices,
    Et les marins pâmés sentaient, lentes délices,
    Des velours de baisers se poser sur leurs yeux…

    Jusqu’au bout, aux mortels condamnés par le sort,
    Chœur fatal et divin, elles faisaient cortège;
    Et, doucement captif entre leurs bras de neige,
    Le vaisseau descendait, radieux, dans la mort !

    La nuit tiède embaumait…Là-bas, vers les îlots,
    Une harpe d’amour soupirait, infinie;
    Et la mer, déroulant ses vagues d’harmonie,
    Étendait son linceul bleu sur les matelots.

    Les Sirènes chantaient… Mais le temps est passé
    Des beaux trépas cueillis en les Syrtes sereines,
    Où l’on pouvait mourir aux lèvres des Sirènes,
    Et pour jamais dormir sur son rêve enlacé.

     

    Albert SamainAu jardin de l’infante

     

     

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